LES PRINCIPES DU DESIGN BIOPHILIQUE   

Le blog de Janvier 2024 s’ouvre sur un concept de décoration qui mérite que l’on s’y intéresse. Le design biophilique est un « outil » qui permet d’établir une connexion entre les intérieurs urbains et la nature pour le plus grand bien des  habitants. C’est une réponse au besoin inné qu’ont les humains de se relier par quel que moyen que ce soit avec la nature.

Jadis, l’un et l’autre vivaient plus ou moins en bonne intelligence mais, au fur et à mesure des progrès techniques, l’homme s’est éloigné de la nature, migrant vers des surfaces bétonnées. Siècle après siècle, ces liens se sont distendus jusqu’au jour où… et nous voilà en 2024 

BIOPHILIE ? du grec bio (vie) et philie (aimer)… Littéralemaent qui aime la vie et, en conséquence, la nature ! Voilà qui est dit. 

UNE  EVIDENCE

Un constat  clairement identifié : l’être humain recherche inéluctablement ce qui le lie à la nature : le bruit d’une cascade, le chant d’un oiseau, un coucher de soleil sur la mer, une prairie verdoyante, la lumière diffuse de l’aube, une cime enneigée, l’odeur de l’herbe mouillée. La nature est un élément clé de la vie, même si dans son  quotidien  « l’homme » moderne s’en est parfois trop éloigné  Telle est l’origine du concept de la « biophilie » imaginé dans les années 60 par le psychanalyste Fromm, puis développé par le biologiste Wilson deux décennies plus tard, qui note « un penchant naturel, instinctif, qui nous pousse à rechercher un contact authentique ou dérivé avec le vivant ». 

LA DUALITÉ DE LA PERCEPTION  

La décoration biophilique se traduit, soit par un contact direct avec la nature : plantes vertes, larges baies vitrées sources de lumière naturelle, utilisation du bois ou, par un contact indirect avec les panoramiques représentant la nature en format géant, les motifs végétaux des papiers peints, des matières premières naturelles pour  les revêtements de sol. Les deux réunis rendent la formule plus performante.

LA PANDEMIE : DE CAUSE A EFFETS !

Après les périodes successives de confinement causées par le virus du covid, les habitudes vestimentaires, culinaires, sont chamboulées, les rythmes de vie décalés, le rapport des êtres humains avec leur habitat transformé… La décoaration ou plutôt la « redécoration » est alors mise sur le tapis et non plus souas le tapis. Les appartements, les maisons, les intérieurs  furent transformés  durant quelques mois en cocons, abris, voire refuges. Mais l’aménagement, le décor, avaient depuis longtemps été négligés, passés pour une préoccupation mineure, souvent considérés comme un simple lieu de passage pour un grand nombre, mais plus vraiment un lieu de vie. Le mobilier et la décoration étaient tout au plus fonctionnels. Et vint le confinement qui mit à mal l’accumulation des erreurs, des négligences : le métal froid du style factory, les angles droits peu  attractifs, les couleurs sombres du sol au plafond, de la salle de bain à la cuisine, les matières plastiques dans le vestiaire et le mobilier, les fausses plantes vertes qui n’ont pas besoin d’eau… 

La décoration biophilique peut être perçue comme une réponse positive à un événement négatif.

UNE DECORATION SUR ORDONNANCE  

Les neurosciences s’immisent dans la décoration d’intérieur puisque des études ont montré que la présence d’éléments biophiliques dans les espaces intérieurs peut améliorer le bien-être, réduire le stress, augmenter la productivité et la créativité ; favoriser un retour à la normale après une période de stress.  

UNE PHILOSOPHIE EN ASIE, UNE SCIENCE TRES TENDANCE EN OCCIDENT

Le feng shui, art de vivre chinois qui recherche l’harmonie des rapports entre l’homme et son environnement afin de favoriser son bien être n’est pas si éloigné des valeurs prônées par la biophilie. Si le Feng shui est considéré comme un art, la biophilie est une science, comme les deux faces d’une même pièce, leur langage est différent mais le but est identique : favoriser le bien être.

L’HOMME ET LA NATURE

Vivre avec une parcelle de nature, même dans un lieu clos, est un besoin et, en matière de design d’intérieur, cette tendance s’amplifie. Les plantes vertes, même minuscules, sont des touches vivantes qui parsèment les intérieurs ; les toits végétalisés sont de plus en plus nombreux dans les grandes villes, même ceux de certains abris bus sont verdoyants,  les matériaux naturels pour le mobilier, les couleurs inspirées de la nature pour le linge de maison met à mal la « saison du blanc »,  les  motifs qui évoquent des éléments végétaux sont des stars. Les  collections de papier peint ayant pour thème la nature répondent à l’attente d’un large public ; c’est pourquoi les éditeurs de papiers peints misent désormais    aussi  sur les effets de matière qui imitent à la perfection des matériaux, comme la pierre, le béton, la brique, le marbre, les planches de bois ou encore des forêts exotiques avec des fleurs géantes « prêtes à  sortir du cadre ».

DE L’IMPORTANCE DE LA COULEUR  

Chaque année, Pantone donne le « ton » avec la couleur de l’année : le vert fut la couleur de l’an 2017, le rose magenta celui de 2023, mais le client n’a t il pas son mot à dire ? Ne peut-il pas choisir sa ou ses couleurs ?  Le succès populaire du bleu et du vert dans le mobilier, le linge de maison, les draps en double gaze de coton, la peinture murale et dans les motifs des papiers peints, donne la réponse à la question. Ce vert, jadis méprisé par les gens de théâtre, (ne disait-on pas à tort que Moliere était mort dans un habit vert), est aujourd’hui présent dans toutes ses nuances vert bouteille, gazon,  olive, émeraude, anglais, Véronese… est, dit-on, bonne pour la santé !

Le saviez vous ? Dans le Feng Shui, les couleurs sont associées à différents éléments et peuvent donc influencer l’énergie d’une pièce : le bleu et le noir sont associés à l’élément Eau et peuvent apporter la sérénité, tandis que le rouge est associé à l’élément Feu et peut stimuler l’énergie.

WILLIAM MORRIS, UN PRECURSEUR DE LA DÉCORATION BIOPHILIQUE ? 

Si le mot biophilie n’existait pas encore, Morris aurait pu l’inventer. Lui qui mit un point d’honneur à donner une place à la représentation de la nature dans ses remarquables dessins, lui qui donna la préférence aux lignes courbes et aux arabesques, qui privilégia les tons de vert, les fleurs et les oiseaux. 

La nature habillait les murs de maisons anglaises avec art et délicatesse.

LA PRISE DE CONSCIENCE DES EDITEURS DE PAPIER PEINT

Avec l’urbanisation croissante et la diminution des espaces verts dans les zones urbaines, l’intégration d’éléments naturels, l’utilisation de matériaux plus sains,  n’ont qu’un but : reconnecter instinctivement l’individu avec la nature dans un lieu clos.

De nombreuses entreprises de papiers peints ont pris conscience que le public mieux informé, plus réactif est plus attentif aux produits, tant au niveau de la qualité du support que de leurs incidences sur l’environnement. Les clients impactés par la pollution, la pandémie, les variations climatiques, cherchent à créer un espace serein dans leur habitat et le papier peint depuis quelques années, s’impose comme l’accessoire adéquat qui peut changer aisément la physionomie d’une pièce, du salon à la cuisine, de la chambre à la salle de bains, en « total look » ou sur un seul mur.

PAPIER PEINT ÉCOLOGIQUE VERSUS PAPIER PEINT BIOPHILIQUE 

Deux manières d’appréhender le décor tout en nuances : un papier peint écologique met l’accent sur son empreinte environnementale, tandis qu’un papier peint biophilque se concentre sur la création d’un lien visuel et émotionnel avec la nature. A vous de choisir!

Papier peint écologique 

L’aspect écologique se concentre sur l’impact environnemental du produit. Un papier peint écologique est généralement fabriqué à partir de matériaux respectueux de l’environnement, tels que des fibres naturelles, des encres non toxiques et il peut être produit de manière durable. Ce type de papier peint cherche à minimiser les effets négatifs sur l’environnement tout au long de son cycle de vie, de la fabrication à l’élimination.

Papier peint biophilique

Un papier peint biophilique reflette la nature par son esthétique. Il peut présenter des motifs, des images ou des textures issues de la flore ou de la faune qui, par leur envergure, touchent à l’imaginaire, offrent des sensations, incitent au rêve, font sortir du réel pour plonger dans l’imaginaire d’une forêt primaire. 

Les designers de papiers peints s’inspirent largement des formes végétales, osent des couleurs inédites, font la part belle aux papiers textures.

LE DEUX NE FONT PLUS QU’UN DANS UN MONDE VERTUEUX

Dans la pratique, nombreux sont les produits à la fois respectueux de l’environnement et offrant des motifs inspirés par la nature. 

LE  PAPIER PEINT UN ELEMENT CLÉ DE LA DÉCORATION BIOPHILIQUE

Il est un lien direct, visuel et tactile entre l’homme et la nature par le biais  

des couleurs : une palette aux tons neutres, tons de terre, une harmonie discrète et apaisante. Les oranges, bleus ou bruns, donnent une tonalité organique qui se marie avec la verdure des plantes naturelles ou des motifs des papiers peints

des motifs : feuilles en spirales, formes organiques sans logique, motifs courbes, les entrelacs filiformes, les lignes géométriques sont aux abonnés absents.  

des matériaux exacerbés : les variations sensorielles avec les papiers peints 3 D ou texturés. 

L’ILLUSION : ENTRE ABSTRACTION ET HYPER RÉALISME  

La technique est capable de tromper nos sens, nous  en sommes conscient, mais nous en profitons. Ces paysages idylliques qui s’affichent sur nos  murs, invite à la promenade, avec un peu d’imagination   on pourrait entendre le bruissement des feuilles mortes sous nos pas,  sentir la chaleur du soleil sur la paume de notre main,  et cela sans sortir du salon. Le décor prime sur la réalité mais qu’importe, le  but est atteint avec emphase et désinvolture pour certains designers ou avec un sens aigu de la réalité pour d’autres. 

Le propos du panoramique n’est pas la recherche de la vérité, mais  d’entrainer notre esprit dans une autre dimension.

La texture des papiers peints  peut être feinte avec brio lorsque les fibres de raphia, paille, ou bambou rivalisent de justesse en s’éparpillant sur la surface de papiers peints. 

Ce post serait incomplet sans un chapitre consacré à quelques entreprises au  parcours remarquable, tant au niveau des produits respectueux de l’environnement que de la qualité des artistes qui contribuent à la création des motifs et que vous retrouverez sur le site d’étoffe.com

SANDERSON ® Connue pour son engagement envers la qualité et l’artisanat, fondée à Londres par Arthur Sanderson en 1860 pour importer des produits français haut de gamme, des panoramiques et des papiers gaufrés imitant le cuir. Le succès aidant, il commanda et fit imprimer ses propres dessins en Angleterre. En 1879, il ouvrit une première manufacture de papier peint – L’entreprise deviendra fournisseur officiel de Georges V.  

Cette société à joué un rôle important dans la popularisation de l’œuvre de William Morris, designer britannique du XIXe siècle, connu pour ses motifs de papier peints qui incarnent des motifs floraux, des éléments naturels. Sanderson a permis de reproduire à moindre coût l’œuvre de Morris  devenant, de facto, à l’origine de la popularisation du style Arts and Crafts, novateur dans le design d’intérieur.
Le saviez vous ? La maison Sanderson possède dans ses archives les modèles et les planches d’impressions réalisées par William Morris.

CASAMANCE  ®   cet éditeur de tissus d’ameublement et de papiers peints fut créé en France en 2 000 et est déjà une marque incontournable à l’international  « Des oiseaux étonnants rivalisent de couleurs éclatantes. Une végétation extravagante exhibe toute la richesse de ses feuillages. » Belle image en adéquation avec la décoration biophilique.

La marque insiste sur la qualité des produits et veille attentivement au respect des normes environnementale : « les papiers peints vinyles sont imprimés avec des encres à base d’eau sans solvant pour limiter l’impact sur l’environnement et pour un habitat plus sain.Nous sommes en recherche d’amélioration constante pour proposer des matériaux toujours plus sains et éco-responsables tout en maintenant leur niveau de qualité et d’esthétique. Nos papiers peints intissés ne contiennent pas de phtalate et de formaldeide. Nos papiers peint vinyles ont le classement COV A+ (Composés Organiques Volatils) pour une qualité de l’air saine au sein de l’habitat. Notre imprimeur propose des supports de communication certifiés PEFC. Le papier provient de forêts gérées durablement, dans un souci d’amélioration constante des territoires » (Programme de reconnaissance des certifications forestières).

DEDAR®  : une belle histoire de famille

il y eut les fondateurs de la société Dedar en 1976, Nicolas et Elda Fabrizio. 

Pourquoi Dedar ? Pour  design d’aredamento. Leurs premiers best-sellers ? La Dedarette, kit complet pour store prêt-à-poser. Et les fameux panneaux de voilage transparents mi-lin mi-coton, unis ou imprimés d’un unique motif : le feuillage cascade d’une vigne vierge. Une idée venue à Elda Fabrizio, observant l’effet «rideau» d’une véritable vigne vierge encadrant les fenêtres de la maison familiale à Brianza, à quelques kilomètres de Milan. Cette vigne vierge a inauguré la grande série des tissus imprimés Dedar qui connut un immense succès. Pour le thème de ce succès, Dedar peut figurer en bonne place dans ce post consacré à la Biophilie. Depuis, les enfants Caterina et Raffaele Fabrizio ont pris la suite de cette success story.

J’aime et j’appréhende notre époque où tout est chamboulé, tout fini et tout recommence après un stop inopiné. La nature est d’autant plus appréciée que nous en fument privé. Les arts décoratifs sont en mouvement, ils s’enrichissent d’expériences nouvelles, captent l’ère du temps et se recomposent une nouvelle identité, plus forte et plus intense. De ses resources fondamentales, nait une nouvelle identification reflet d’une époque à la fois effrayante à bien des égards et fascinante parce que nous la vivons en direct en tant que spectateur et acteur. Alors oui à la biophilie et merci à la nature pour ce qu’elle est, et respect à tous les industriels qui, conscients de la fragilité de son équilibre, la préserve autant que possible. 

Le saviez vous ? Il existe un restaurant immersif en plein centre de Paris qui a transformé un espace vide en une forêt amazonienne où les cris d’animaux s’invitent entre deux plats, où les murs s’animent de milles images entre le fromage et le dessert, ce décor est réalisé à l’aide d’images réelles de la forêt tropicale projetées sur des écrans géants fixés aux murs. La nature, parfois sauvage, a investi ce lieu improbable, et l’on voit à quel point la biophilie agit sur notre inconscient. Le bruit de la circulation extérieure, désagréable et assourdissant, fait place aux bruits et aux jacasseries des animaux de la jungle tout aussi assourdissants mais tellement plus réconfortants.

Ecrire, c’est un peu tisser : les lettres, en un certain ordre assemblées, forment des mots qui mis bout à bout, deviennent des textes. Les brins de fibres textiles maintenus ensemble par torsion forment des fils qui, en un certain ordre entrelacés, deviennent des tissus…Textile et texte, un tête à tête où toute ressemblance n’est pas fortuite. Il est des civilisations qui transmettent leur culture par l’écriture, d’autres par la parole, d’autres encore, par la parole écrite avec un fil. Entre le tissu et moi, c’est une histoire de famille. Quatre générations et quatre manières différentes de tisser des liens intergénérationnels entre les étoffes et les « textilophiles ». Après ma formation à l’Ecole du Louvre et un passage dans les musées nationaux, j’ai découvert les coulisses des étoffes. Avec délice, je me suis glissée dans des flots de taffetas, avec patience j’ai gravi des montagnes de mousseline, avec curiosité j’ai enjambé des rivières de tweed, pendant plus de 35 ans, au sein de la société De gilles Tissus et toujours avec la même émotion. J’eus l’occasion d’admirer le savoir-faire des costumiers qui habillent, déguisent, costument, travestissent les comédiens, acteurs, danseurs, clowns, chanteurs, pour le plus grand plaisir des spectateurs. J’ai aimé travailler avec les décorateurs d’intérieurs toujours à la recherche du Graal pour leurs clients. Du lange au linceul, le tissu nous accompagne, il partage nos jours et nos nuits. Et pourtant, il reste un inconnu ! Parler chiffon peut parfois sembler futile, mais au-delà des mots, tissu, textile, étoffe, dentelle, feutre, tapisserie ou encore broderie, il est un univers qui gagne à être connu. Ainsi, au fil des ans les étoffes sont devenues des amies que j’ai plaisir à vous présenter chaque mois sur ce blog de manière pédagogique et ludique. Je vous souhaite une belle lecture.

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